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10 conseils pour rendre les élèves autonomes !
Je remonte cet article grâce à Eowin ...pour la piqûre de rappel :) :) Bon mercredi
Quand je dis autonomie j’entends capacité à prendre en charge son apprentissage ! Petite phrase et tout un programme !
Vous entendez souvent :
« Maîtresse, ça veut dire quoi ? »
« Maîtresse j’ai fini le 1 »
« Maîtresse je prends un fluo pour surligner ? »
« Maîîîîîîtressssssssssssssssssssssssssssssssse !!!! »
Les élèves qui posent des questions sans arrêt sont tributaires de leur enseignant. Ils attendent des instructions constantes, ont besoin d’être rassurés.
Caractéristiques
Elève Dépendant
Elève Autonome
- Dépend de l’enseignant
- Ne peut pas prendre de décision au sujet de son apprentissage
- Ne connaît pas ses forces et faiblesses
- Pense que l’enseignant est responsable de son apprentissage
- Ne réfléchis pas sur sa manière d’apprendre
- Manque de motivation
- Est indépendant
- Est capable de prendre des décisions
- Connaît ses capacités, ses difficultés
- Développe des stratégies
- Peut réfléchir sur son processus d’apprentissage
- Est motivé par les progrès
Les notions d'autonomie et d'apprendre à apprendre sont liées, et selon les auteurs se confondent (est autonome l'étudiant qui sait apprendre, pour Holec) ou se distinguent (apprendre à apprendre, c'est se préparer à être autonome, pour Portine).
Pour Blin, l'autonomie se définit "comme une approche éducative qui [...] permet aux apprenants de prendre la responsabilité et le contrôle de leur apprentissage, et qui les aide à évoluer progressivement d'un état de dépendance vis-à-vis de l'enseignant à un état d'indépendance et d'interdépendance.[...] Une formation autonomisante devra donc développer la capacité à être autonome: apprendre à apprendre, à construire des savoirs et savoir faire langagiers et à collaborer en seront les éléments clés."
Pour savoir apprendre il faut d’abord vouloir apprendre : en avoir la capacité et la possibilité.
Selon Sylvie Lay il y a deux catégories de difficultés à surmonter pour les élèves:
- Un « rapport au savoir » qui n’est pas conforme aux attentes de l’institution scolaire
- Une forte affectivité dans leur rapport aux enseignants qui compense « l’opacité cognitive » dans laquelle les plonge l’école.
Etre autonome pour l’élève c’est :
- Comprendre et accepter les enjeux culturels et intellectuels du savoir et de l’apprentissage (pour accepter le contrat didactique).
- Oser et expérimenter l’aventure intellectuelle
- Comprendre et savoir faire avec l’institution scolaire, ses codes et son langage
- Savoir faire avec les autres.
Pour l’enseignant :
- Eviter les exigences révisées à la baisse par sous estimation des capacités cognitives ; proposer des situations problèmes complexes.
- L’enseignant doit permettre à l’élève d’expérimenter une autonomie à la fois intellectuelle et matérielle dans les situations pédagogiques de la classe, dans toutes les disciplines.
- Le renforcement de l’image positive que peut avoir l’élève de lui-même doit prioritairement passer par une valorisation des réussites et des compétences réelles de l’élève et non pas un renforcement du lien affectif.
- il faut accepter l’émergence de l’imprévu
- Le maître devrait pouvoir lâcher un peu sur son savoir afin de permettre à l’élève de se risquer entre « ce qui se transmet et ce qui s’invente »
Les 10 conseils :
1. Donner le choix.
Offrir aux élèves la possibilité de choisir :
- Choisir entre tel et tel exercice
- Choisir quelqu’un pour travailler
Et ensuite réfléchir sur les choix.
2. Encourager le travail de groupe
Le travail de groupe est un moyen pour accroître l’autonomie. D’après Gérard De Vecchi, « le travail de groupe permet aux élèves d’apprendre à définir et à suivre une démarche privilégiant leur questionnement, faire des choix et prendre des responsabilités, se construire des méthodes de travail, développer leurs capacités de langage et de communication, développer la solidarité et l’écoute réciproque. » L’enseignant n’apporte pas les réponses. Les élèves apprennent de leurs pairs et apportent à leurs pairs les savoirs et savoir-faire qu’ils possèdent. « Les compétences mises en oeuvre dépassent très largement le seul apprentissage …, elles participent à la valorisation de chacun, et elles promeuvent l’interaction des pairs pour la construction personnelle et collective. »
3. Revenir sur les stratégies : la métacognition
Comment ils ont fait pour réaliser une tâche. Garder les brouillons et les analyser. Voir les ouvrages de Britt Mary Barth.
4. Définir des objectifs d’apprentissage.
Dire aux élèves ce que l’on apprend et pourquoi. Voir le tableau des savoirs.
5. Utiliser un maximum l’authenticité pour faire le lien entre la classe et le monde réel.
Lire des articles de presse par exemple.
6. Impliquer les élèves dans la progression suivie.
De temps en temps, les élèves peuvent aider à la construction d’une unité d’apprentissage. Après les représentations en séance 1, ils peuvent dire ce qu’ils ont envie de savoir d’une notion.
7. Relire le travail avec les pairs.
C’est-à-dire expliquer à l’autre comment et pourquoi on l’a fait. Le pair est une aide précieuse dans la relecture. Arrive-t-il à me relire ?
8. Développer les plans de travail en autonomie.
Le plan de travail, c'est un outil pédagogique au service d'une gestion autonome d'activités proposées et choisies, à réaliser dans un temps donné.
Voir :
http://sos.suppleants.free.fr/preparations.htm
9. Mener des entretiens individuels : entretien d’explicitation, entretien pour faire le point, remédiation…
L’entretien d’explicitation d'après Pierre Vermersch, « s’appuie sur la technique du questionnement pour mettre en mots des pratiques. Il s’agit vraiment d’une action descriptive du comment de l’action et en fait, sous action, il faut mettre principalement deux axes, l’axe des prises d’information, c’est-à-dire "comment je sais que par exemple, les élèves là sont attentifs, sont motivés, rentrent dans la notion qu’effectivement je souhaite aborder avec eux ". "Comment tu sais que ... ? " »
Etayer c’est apporter l’aide ciblée, précise, construite, dans l’environnement qui permet progressivement de se saisir de cette aide pour être autonome.10. Fabriquer un environnement propice, la classe doit être un espace sécure.
Conclusion de Philippe Meirieu :
« Concluons cette trop brève analyse : l'autonomie n'est pas un don ! Elle ne survient pas par une sorte de miracle ! Elle se construit dans la rencontre d'éducateurs capables d'articuler, dans leurs préoccupations, une meilleure définition de leur domaine de compétences, une plus grande lucidité sur les valeurs qu'ils veulent promouvoir et un meilleur discernement du niveau de développement de l'enfant et des apprentissages qui peuvent lui permettre de progresser. Ce n'est certes pas là chose aisée, mais l'enjeu est si important que nous n'y travaillerons jamais assez. »
Bibliographie :
LIQUETE, Vincent, MAURY, Yolande. Le travail autonome. Comment aider les élèves à l’acquisition de l’autonomie. Armand Colin, 2007
HOFFMANS-GOSSET, Marie-Agnès. Apprendre l’autonomie. Apprendre la socialisation. Lyon, Chronique sociale, 2000,
MEIRIEU, Philippe. Apprendre à travailler, apprendre à aider. Cahiers pédagogiques n°336, septembre 1995.
DE VECCHI, Gérard. Un projet pour… enseigner le travail de groupe. Delagrave, 2006
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Commentaires
J'adore cet article ! A relire régulièrement... J'ai encore en CM2 le syndrome "j'ai finiii..."
Vraiment en très bonne lecture.
Mamsa (www.aquatrecarreaux.com)
Oh super Mansa de te lire...je suis ravie de voir que les choses de l'ASH peuvent servir tout court dans toutes les classes:)
Article très intéressant ! Merci beaucoup ! J'ai marqué la page question d'y revenir régulièrement. Une piqûre de rappel fait toujours du bien.
Excellent article, merci beaucoup. Tu as eu bien raison de le relancer, je viens seulement de le découvrir via le fb de la cpb ^^
Et cela me conforte dans mes pratiques... je passe 1 an à tenter de rendre autonome mes élèves de 5e, que mes collègues d'atelier en 4e trouvent toujours peu autonomes ;-) mais s'il savait comment ils arrivent dans ma classe : complètement dépendant de l'adulte, et appelés "autonomes" quand ils sont capables de faire seul un exercice à la consigne expliquée. Ils se font même disputer s'ils prennent des initiatives ;-)
En milieu de 4e, ils correspondent vraiment à ce qui est défini dans ton article... mais en milieu de 3e, ils sont tellement autonomes, qu'ils sont trop indépendants et qu'il devient difficile de les faire bosser, lol...
En ce qui me concerne, avec des classes multiniveaux :
1- les enfants n'ont pas le choix : dès le CP, ils doivent s'y mettre. Je n'ai pas le temps de leur courir après.
2- j'ai la chance de suivre les élèves plusieurs années donc le travail sur l'autonomie se fait sur la longueur.
Certes, cela prend du temps et il y a tellement de choses à leur apprendre, que parfois on oublie de réfléchir aux moyens pour y arriver.
Un jour, une remplaçante m'a dit que c'était un vrai plaisir d'avoir mes élèves parce qu'il était rare de voir une classe se mettre si facilement au travail...
Je n'ai aucun mérite, je n'ai pas le choix avec 4 ou 5 niveaux (les priorités ne sont pas les mêmes) et j'ai encore de nombreux points à travailler (d'où mon intérêt pour cet article).
Mais vous qui enseignés au collège, la tache est encore plus ardue : lors d'une réunion CM2-6ème, un professeur de maths a fait cette remarque :" les élèves qui arrivent des petites classes rurales sont parfois trop autonomes, il n'est pas rare de les voir faire leur D.M. de français ou d'histoire quand ils ont fini leurs exercices en classe." J'ai eu envie de lui répondre : "Et alors ?"
Merci pour ce retour Eowin !!! Ben oui quand on ne sert plus à rien .... Quel boulot les classes multi niveaux !!!!!!
Aaaahhhh... c'est bon de lire ça (pour ne pas oublier, pour se relancer, pour continuer de réfléchir...)!
Merci!!!!
15MurielMercredi 30 Décembre 2015 à 21:09bonjour Onaya,
ton article st très intéressant. Je m'en inspire pour mon mémoire de CAPA qui concerne autonomie et plan de travail. Pourais-tu me dire quelle est la source à partir de laquelle tu parles de Sylvie Lay et les deux catégories de difficultés dont elle parle ? merci par avance
Muriel
Sylvie Lay est IPR arts plastiques....elle a rédigé différents articles de toutes sortes et j'aime ce qu'elle a dit sur les 2 types de difficultés à être autonome:
Selon Sylvie Lay il y a deux catégories de difficultés à surmonter pour les élèves:
1. Un « rapport au savoir » qui n’est pas conforme aux attentes de l’institution scolaire
2. Une forte affectivité dans leur rapport aux enseignants qui compense « l’opacité cognitive » dans laquelle les plonge l’école.
Tu trouveras dans google un power point de 2008 sur l'apprentissage de l'autonomie de sylvie lay
18gamalchJeudi 21 Décembre 2017 à 14:39Article intéressant. Bravo!
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Merci pour ce bel article et tous ces conseils...ça me rassure il y avait déjà pas mal de choses que je mettais ou essayait de mettre en place !!!
En tout cas merci encore pour ces articles très intéressants et riches que tu nous offres !